تفصيل
- الصفحات : 486 صفحة،
- سنة الطباعة : 2024،
- الغلاف : غلاف مقوى ،
- الطباعة : الأولى،
- لون الطباعة :أسود،
- ردمك : 978-9931-08-869-1.
Combien d’Actes de colloques, consignés pour l’éternité, se sont décomposés dans les bibliothèques universitaires ou se sont perdus dans les limbes de l’oubli
L’infini serait insuffisant pour en faire le compte et stupide serait l’archiviste du savoir tenté par le vertige des abysses sans fond, qui voudrait réaliser cet exploit
Les colloques sont-ils pour autant inutiles
Bien sûr que non
Si l’évidence de cette affirmation par la négative ne saute pas aux yeux, son constat s’impose d’autorité. Nier leur nécessité, serait une hérésie. Et je défie quiconque de me contredire !
Obscurs ou de renom, ouverts aux vents subversifs des pensées discordantes ou confinés dans des corsets de pensées académiques, dans des arrière-salles de café ou de prestigieuses universités, des petits comités réunis dans le douillet confinement d’un entre-soi de spécialistes aux grandes assises réunissant des experts de tous horizons autour des maux de la planète, des forums antiques aux « cercles savants » de l’après, jusqu’aux « clubs » et aux « brain-trusts » d’aujourd’hui, sous une forme une autre, sous un nom un autre, les colloques ont toujours existé
L’histoire de l’humanité est jalonnée de « querelles » et de « controverses » entre anciens et modernes, réactionnaires et révolutionnaires, orthodoxes et hérétiques, dont nombre d’entre eux étaient à l’origine des bouleversements qui ont détourné son cours vers la lumière ou la nuit de l’esprit
Où que le regard se porte dans le temps, quels que soient la discipline ou le domaine où il s’attarde, on observe que de là où circulaient et s’échangeaient les idées, est venu le vent du changement qui a fait plier le pouvoir qui les régentait. Pour faire court, à l’instar de Gramsci, disons que les idées sont le terreau qui nourrit la révolution, et leur hégémonie le ferment qui l’anime. À charge aux « intellectuels organiques » de les diffuser dans la société
Aujourd’hui, où que se porte mon regard, je ne trouve que quelques nostalgiques… dont j’avoue faire partie, à regretter la disparition progressive des « arènes de l’esprit » de naguère où, les épées et les fers de lance remisés au musée des antiquités, se croisaient pacifiquement le verbe et s’échangeaient courtoisement les idées, pour le grand profit de l’intelligence
Pourtant, en y regardant bien, on observe que si les noms des colloques et les thèmes qui ont été à leur origine se sont perdus dans le temps, leurs dits et écrits sont restés. Et ceux qui leur ont succédé, s’ils témoignent encore de leur permanence, faute de diffusion au-delà des cercles restreints de « spécialistes » et d’initiés, restent lettre morte auprès du grand public
Autre temps, autres mœurs ! Aujourd’hui, agonie de la « galaxie Gutenberg » et révolution médiatique et numérique… obligent, avec la disparition progressive des revues et des journaux qui les relayaient auprès de l’opinion, finie l’ère des « grandes rencontres » et des « grands débats d’idées » qui enfantaient de la pensée féconde, fracturaient la société et passionnaient le monde
À ma connaissance, si je me fie au dernier « grand débat d’idées » qui me reste en mémoire, le dernier est la « la controverse » qui brouilla à jamais Albert Camus et Jean-Paul Sartre en 1952, après la parution de L’homme révolté. Un grand moment de l’histoire intellectuelle, l’opposition de ces philosophes, chacun sa lecture du monde et sa vision de l’Histoire, l’un prônant la « Révolte » et l’autre ne voyant de salut que dans la « Révolution ».
Qu’importe si de ce combat de poids lourds de l’esprit, Sartre sortit grandi par son intelligence et son mordant et Camus rabaissé en « philosophe pour classe terminale ». Et qu’importe si l’Histoire donna raison à Camus, Sartre n’ a pas dit son dernier mot, car la problématique Révolte-Révolution reste non seulement ouverte… puisqu’elle qu’elle continue de susciter interrogations et controverses dans les nombreux colloques qu’elle réunit régulièrement, mais toujours d’actualité… en témoigne la permanence du feu des révolutions couvant sous la cendre des révoltes existentielles (je pense à Mai 68), démocratiques (je pense aux Printemps arabes et au Hirak), raciales (je pense au Blak-lives-mater venu d’Amérique), urbaines et sociales (je pense aux Émeutes -dénommées ainsi, faute de mieux- des banlieues françaises), etc… qui embrasent régulièrement les sociétés, et plus que jamais incontournable… car elle réveille en chaque Intellectuel « engagé » confronté aux certitudes difficiles, à l’heure des choix décisifs, la douleur du déchirement entre l’Éthique de responsabilité et l’Éthique de conviction, magistralement illustré par Max Weber dans Le savant et le politique.
Écrivant ce que j’écris, me revient la prédiction de Schopenhauer écrivant : Viendra un temps où la Révolution deviendra réactionnaire et la Réaction, révolutionnaire
Pour ce qui me concerne, au titre de « conscience malheureuse » qu’afflige le Sommeil de la raison dans lequel s’enfonce progressivement le monde et que tourmente l’avènement des maitres penseurs et des directeurs de conscience médiatiques, experts en tout et n’importe quoi, qui se bousculent dans les pages « culture » et « société » dans les journaux et en prime-time » sur les plateaux de télévision, en y allant chacun de sa pseudo-analyse en bricolant d’un petit rien un grand tout pour faire œuvre de pseudo-vérité, étant entendu que la télévision est une coquille vide où l’image fait loi et les journaux un relais d’éphémères opinions soumis à des groupes d’intérêt où gros titres et grandes signatures font office de contenu d’articles, force est de conclure que la vérité est Ailleurs, selon la formule d’Arthur Rimbaud. Un Ailleurs multiple et foisonnant de débats où, à l’abri du tapage médiatique mais à l’écoutedes vérités essentielles qui fondent le monde et des sanglots qui secouent ses profondeurs sociales, s’échangent travaux intellectuels et expériences de créateurs, pour contribuer à faire avancer la réflexion
« Identité, altérité et pensées métisses en littérature : Réalités, illusions ou horizons »
De classique facture académique ! J’ai pensé à la lecture du titre de cet ouvrage collectif réunissant des contributions d’universitaires
Tiqué sur le contenu du titre, que j’ai trouvé à première vue, bien ambitieux
Éprouvé un sentiment de soulagement en découvrant que cet ouvrage collectif n’était pas le fruit d’un énième colloque comme je le redoutais, mais le résultat d’une somme de contributions répondant à l’appel du professeur Mohammed Yacine Meskine, que je connais à double titre : celui d’universitaire dont les centres d’intérêt et les champs de curiosité ne se limitent pas à son seul domaine de compétence, et celui d’homme dont le champ de curiosité s’étend au-delà.Passé du soulagement à la curiosité, dès l’entame de la lecture de l’ouvrage
Pas déçu pour un dinar par la lecture de cet ouvrage, d’où je suis sorti ébranlé par la pertinence et l’actualité de son contenu, encore sur ma faim, je me suis promis d’y revenir dans une seconde lecture.
Ce que j’ai fait quelques jours plus tard, à tête reposée
Aux titres d’écrivain et d’universitaire, pour un double lecteur averti par la première, les Impressions de lecture coulent de de deux sources
De source d’universitaire : Hormis quelques superficielles pinailleries jargonnantes sur la forme, rien à dire sur le fond de cet ouvrage remarquable, tant par les thèmes qu’il aborde, que par les définitions qu’il réunit, les questions qu’il soulève et les explications qu’il propose, qui n’a besoin de personne pour se défendre et qui a vocation à sortir des cercles restreints de l’université pour aller à la rencontre d’un plus large lectorat. Rajouter un sommaire « commentaire de textes » en guise de préface pour vanter les mérites et les qualités de cet ouvrage, serait faire offense à son intelligence. Un exercice auquel, comme de bien s’entend et à bon entendeur, je refuse de me prêter
De source d’écrivain ébranlé par le contenu de cet ouvrage : Rien à dire aussi,hormis constater que c’est une mine de définitions théoriques et un gisement de questionnements de plusieurs disciplines, une base de référence dont je recommande la lecture aux écrivains que n’effraie pas la perspective des révisions déchirantes et aux lecteurs qui trouverontlà matière à voir plus clair dans le brouillard des identités… à charge pour eux de trouver la… les leurs, pour éviter de s’y perdre. Rien à dire donc, mais encore beaucoup à écrire pour se mettre au net et en conformité avec soi-même. Ce qui, comme de bien s’entend et à bon entendeur, relève de la sphère de l’intime du vieil homme que je suis, qui depuis sa venue à l’écriture, n’a eu de cesse de questionner de livre en livre, le sens et le devenir de l’enfant qu’il fut à travers le prisme déformant desmultiples identités qu’on lui a collées sur le dos, pour comprendre de quelle pâte humaine est pétrie l’humanité qu’il s’est forgée en seule identité qui vaille.
De ces deux sources d’écrivain et d’universitaire, conscient du douloureux privilège d’être d’une sphère intellectuelle où la Connaissance et la Création ont partie liée pour le meilleur et le pire de mon écriture, doublement concerné par les questions « d’identité, d’altérité et des pensées métisses en littérature », j’ai trouvé dans cet ouvrage nombre de parts de moi, les unes gratifiantes et d’autres détestables. Que de sa double lecture j’en suis sorti grandi et meurtri à la fois, m’importe peu ! je sais que toute œuvre digne de ce nom ne laisse personne indemne, et pressens que tout lecteur de cet ouvrage, connaitra le même sort que moi. Car en élargissant et en approfondissant le champ de la connaissance de l’univers mental où les représentations de l’autre et celles qu’on a de soi se télescopent dans un mixte explosif ou s’enrichissent mutuellement, en interpellant chacun de nous, en nous acculant au regard critique et distancié dans le miroir des représentations identitaires qui nous écrasent et nous sécurisent à la fois, cet ouvrage fait œuvre utile. Et c’est peu de le dire car en mettant à mal la dialectique mortifère entre le « eux » et le « nous » sur laquelle se sont bâties nos « identités », il nous condamne à nous affranchir de nos préjugés et sortir de l’esclavage de leurs archétypes
Rien à dire de plus enfin, sauf à rajouter en guise de préface, ma contribution personnelle. L’expérience subjective, forcément subjective, de la quête d’une chimérique identité sur les chemins de l’enracinerrancequi, de livre en livre, au gré des rencontres, des ruptures et des virages du destin, m’a ouvert les yeux et l’esprit sur ce qui me fonde et me définit. Un essaim de racines (que je dénomme « rhizome » depuis que j’ai lu Édouard Glissant), Un tout protéiforme et mouvant de cultures et de valeurs (que j’ai appris à l’épreuve de l’écriture avoir nourri un moi enfant qui, produit d’une géographie fermée, se singularisait déjà par une précoce aspiration à l’Universel), etc., etc., etc… mais à quoi bon faire le décompte du compost culturel qui nourrit la sève de mon écriture, le sang qui irrigue mon humanité propre. Contribution atypique et singulière, indicible en « nous » universitaire que je souhaite audible en « je » autodidacte, et que j’espère ne pas faire tâche dans cette somme de contributions d’universitaires aspirant à l’objectivité.
Ce que je fais ! En mêlant considérations analytiques et développements personnels, sans « tricher sur la marchandise pour faire authentique» comme on dit à Saïda. C’est tout ce je peux et c’est le moins que je dois à cet ouvrage