تفصيل

  • الصفحات : 131 صفحة،
  • سنة الطباعة : 2024،
  • الغلاف : غلاف مقوى،
  • الطباعة : الأولى ،
  • لون الطباعة :أسود،
  • ردمك : 978-9931-08-739-7.

INTRODUCTION

La symétrie parfaite est illusoire chez les êtres vivants, on parle de « symétrie clinique » mais il existe des limites au-delà desquelles l’asymétrie devient apparente et dans certains cas dysharmonieuse. Toute anomalie de forme, de position ou de fonction décelée par rapport au plan sagittal médian appartient aux anomalies du sens transversal.

Selon Bassigny(1), les anomalies du sens transversal correspondent à des troubles de l’occlusion dans le sens vestibulo lingual des secteurs latéraux, elles peuvent affecter le maxillaire et la mandibule, elles peuvent être symétriques ou asymétriques, alvéolaires ou basales. Theuveny(1) les différencie en endomorphoses, exomorphoses et latéromorphoses.

Bien que les principaux travaux d’anthropologie puis orthodontiques ont mis en évidence l’existence d’un certain degré d’asymétrie faciale sans perturbation ; l’asymétrie occlusale relève d’anomalies du sens transversal.(2)

Le sens transversal a longtemps été le sens oublié  mais, selon Barat, c’est dans la fonction et dans l’esthétique que son importance est cruciale, car dans ces cas, son absence a les conséquences les plus fâcheuses. C’est donc bien chez ces patients que  l’orthodontiste doit intervenir.

De toutes les dysmorphies que nous traitons, les asymétries sont certainement les plus complexes et les plus polymorphes. Elles se surajoutent aux autres anomalies squelettiques et dentaires et conduisent parfois à traiter chez un même patient, des anomalies sagittales ou verticales différentes. Elles peuvent concerner tous les éléments de l’appareil manducateur, dans les trois dimensions de l’espace, se cumulant ou se compensant parfois. De plus, ces anomalies sont souvent responsables des dysfonctionnements mandibulaires et des perturbations des rythmes de croissance. Dès lors, leur traitement s’impose. Afin de proposer une thérapeutique rationnelle, fonctionnelle et esthétique au patient, le diagnostic doit être le plus précis et complet possible en précisant ses causes, sa localisation, sa forme clinique et son potentiel évolutif.

Selon Myers(3), l’endoalvéolie maxillaire est la plus fréquente des anomalies dento alvéolaires transversales de type endomorphique particulièrement dans sa forme bilatérale.

L’analyse de la symétrie faciale est difficile, en effet la seule étude clinique semble insuffisante  à cause de l’importance des tissus mous qui recouvrent la face. La téléradiographie de profil est inadaptée, il faut avoir recours à la téléradiographie en incidence verticale.

Ces anomalies sont assez  fréquentes 2 à 10 % des patients. Une étude finlandaise concernant 489 enfants (4-8 ans) a montré une prévalence de 7.5%. (4)

La même étude dans une  population d’enfants allemands (sur 1975 enfants) âgés de 6 à 8 ans a retrouvé une prévalence de 8,2%. Celle-ci  a été évaluée en utilisant l’index de nécessité. La prévalence en France  est de  8.9%. (5)

La prévalence appréciable dans les autres populations montre ainsi  l’intérêt de définir  cette même prévalence dans notre population enfantine.

En effet les ethnies étant différentes ; la prévalence et les données cliniques sont à évaluer pour aboutir à une prise en charge efficace et programmée. Étant donné que l’accès aux soins est de plus en plus possible, la prise en charge et le traitement de cette pathologie devraient s’en ressentir. Malheureusement le diagnostic est tardif, avec un traitement plus long et des résultats aléatoires.

A cause d’idées reçues et malheureusement très ancrées chez les  omnipraticiens ; ces derniers n’orientent pas avant 9-10 ans, ils ne savent pas voir les signes cliniques des asymétries (selon Emmanuelle Jaunet).

Pour Marie Josèphe Deshayes(6) une asymétrie faciale et occlusale doit idéalement être corrigée avant l’éruption des premières molaires (M1) ;  sinon on s’expose à des freins occlusaux qui retardent voir rendent impossible la symétrisation totale.

En 1930, les oto rhino laryngologistes(ORL)  encourageaient l’expansion palatine pour augmenter la perméabilité nasale.

En 1961, Haas(7)  reprend l’expansion en utilisant le disjoncteur pour ses effets sur le maxillaire mais aussi sur la cavité nasale et sur la mandibule ;  les effets ont été mesurés en 1968 par Wertz ; ils ont été estimés à 6,23 mm à l’arcade maxillaire et 4,21 mm d’expansion à la mandibule.

En 1975, Ricketts(8) met au point le Quad’ hélix afin d’obtenir des expansions dentaires plus douces et des activations plus longues.

En 1987, Ronald Bell(9)  préconise une correction précoce des articulés postérieurs pour une évolution harmonieuse de la croissance.

La denture mixte reste pour de nombreux auteurs la période de choix pour la mise en place d’un traitement du sens transversal ; le dispositif le plus recommandé est le quad’ hélix.

Pour Michel Château(10),  il est l’appareil de choix avant 12 ans en association avec le traitement ORL.

Selon Antonio Patti et Guy  Perrier d’Arc(11),  le traitement de choix de l’endoalvéolie est le Quad’ hélix, plus particulièrement chez l’enfant de moins de 12 ans.

Cependant  les avis restent très partagés sur les effets squelettiques et dentaires.

Pour  Sandikçoglu(12), les effets seraient squelettiques et dentaires, pour Choconas(12) et pour Langlade, les effets sont purement squelettiques.

Pour Gugino,(13) le quad’hélix est actuellement l’appareil qui regroupe le plus grand nombre de fonctions mécaniques de déverrouillage.

Pour ces différentes raisons, nous avons choisi le quad’hélix pour traiter l’endoalvéolie symétrique du maxillaire de l’enfant. Le choix de la tranche d’âge entre 6 et 9 ans s’est fait sur la base d’un traitement précoce.

La denture mixte étant pour de nombreux auteurs le moment opportun pour les diagnostics et les traitements précoces.

La littérature montre que cette pathologie non traitée  en temps opportun, laisse évoluer des troubles fonctionnels : trouble de la mastication, de l’occlusion et surtout de la ventilation.

En effet, les dysmorphoses transversales doivent être décelées et traitées rapidement car le pronostic est rarement favorable, leur évolution entravant les fonctions sus citées.

L’endoalvéolie maxillaire est la plus fréquente des anomalies dento alvéolaires   transversales (14). Les études de prévalence de l’endoalvéolie sont assez contradictoires.

Dans  une  étude allemande sur 1975 enfants âgés de 6 à 8 ans, une étude  a retrouvé une prévalence de 8,2%. (14)

En France, les études sont diverses, une étude conduite dans l’est de l’hexagone fait état d’un articulé bilatéral croisé dans une population scolaire de 4% or la Haute Autorité de santé donne une moyenne nationale de 8.9%. (15)

En ce qui concerne les asymétries alvéolo-dentaires et occlusales, la fréquence des occlusions inversées unilatérales varie selon les études entre 7,7 et 17 %  selon Boileau.(16)

En Irlande, la prévalence est estimée à 11.9%.   Thailander(17) en 1984 et ses collaborateurs, ont examiné 898 enfants des écoles et observé 9.6% d’occlusions croisées.

Chez nos voisins marocains, la prévalence des anomalies du sens transversal était de 67.5%(18). L’articulé croisé postérieur a représenté 11.5% de la population en 2009. (18)

L’endoalvéolie est une anomalie dans la configuration du maxillaire supérieur entrainant une diminution de sa largeur postérieure et sa largeur antérieure avec des conséquences néfastes sur les fonctions oro faciales, comme des troubles de la  mastication et une gêne de la ventilation.

Le diagnostic de l’endoalvéolie peut être posé cliniquement, des mesures biométriques sur moulages en plâtre et céphalométriques sur télé radiographies sont systématiquement confrontées aux données cliniques.

L’endoalvéolie   est  visible  dès le jeune âge à partir de 5 ans, âge de  constitution de la dentition temporaire.

Les chiffres  dans notre pays sont inconnus, aucune étude de cette pathologie n’a été réalisée.

Notre première motivation a été d’établir un instantané de l’endoalvéolie symétrique dans la population scolarisée de Sidi Bel Abbés.

Ce  choix de thème se justifie aussi par la présence d’une proportion très importante de demande de correction de déformation faciale provoquée par l’endoalvéolie. Les parents consultent fréquemment pour une étroitesse de la mâchoire de leurs enfants qui se manifeste cliniquement  par une réduction de la largeur d’arcade et articulé postérieur croisé  et une dysharmonie dento maxillaire importante. Cette affection est couramment observée dans notre  pratique clinique.

La constatation est particulièrement remarquée pour les filles, pour lesquelles l’aspect esthétique du visage revêt une grande attention.

L’endoalvéolie bilatérale semble être  la conséquence de dysfonctions : ventilation buccale, troubles phonétiques, déglutition infantile associée à des anomalies de posture linguale. Peuvent s’ajouter à ces dysfonctions, des parafonctions comme les tics de succion. Planas(19) décrit depuis quelques décennies le changement des habitudes alimentaires.

L’endoalvéolie maxillaire peut avoir des incidences sur les trois plans de l’espace ; ainsi elle peut entrainer des classes II crées par une rétromandibulie d’origine fonctionnelle où très souvent associée à une classe III, quand la langue est basse et antérieure associée à une ventilation orale. Larson a également démontré que la prévalence des inversés d’occlusion uni ou bilatéraux liés à l’endoalvéolie chez les jeunes filles âgées de trois ans ayant une habitude de succion non nutritive est de 26%.(20)

Une attitude non interventionniste sur le sens transversal peut provoquer selon Antonio Patti des conséquences graves : déviation de la croissance normale, problèmes d’ATM avec compensations dento alvéolaires(21).

Ainsi,  il semble que les anomalies alvéolo-dentaires, en particulier les endoalvéolies maxillaires peuvent être évitées par le contrôle des fonctions de la ventilation, de la déglutition, ainsi que de la  position linguale en fonction et au repos. Une consultation peut parfois aussi être nécessaire.

Un enfant ayant  un « articulé croisé » va souffrir de tensions au niveau du cou. Le rétablissement de son occlusion peut entrainer un soulagement et une rééquilibration de sa posture.

Quand l’insuffisance transversale est très importante, il n’est pas rare que les incisives latérales fassent leur éruption avec leur face linguale parallèle au raphé médian et en position linguale.

De nombreuses études ont donné à l’interception et la prévention de cette pathologie une place primordiale ; compte tenu des nombreuses retombées ou retentissement sur la santé et l’équilibre de nos jeunes enfants.

Bien que cette affection n’ait pas  sur le plan pronostic fonctionnel de répercussions sévères,  elle représente un motif de consultation assez fréquent, beaucoup de parents expriment le besoin de prise en charge de cette affection aux orthodontistes. Elle pose donc un problème de santé publique beaucoup plus que clinique.

L’orthodontie se place donc dans la durée :

– chez le tout petit, elle vise à prévenir et à éliminer l’apparition de troubles par l’apprentissage d’habitudes saines.

– chez l’enfant, l’orthodontie vise  à intercepter les malpositions et les  dysfonctions des  lèvres et de la langue pour stimuler harmonieusement la croissance de la face et réduire naturellement et spontanément des troubles orthodontiques en cours d’installation.

La prise en charge thérapeutique de cette affection est mécanique. Trois dispositifs sont utilisés actuellement : Le vérin, le disjoncteur ayant le même principe que le vérin mais plus  puissant et le quad’hélix un appareil d’expansion correcteur.

L’expansion du maxillaire, avant l’éruption de la denture permanente, est destinée à augmenter la largeur basale et le périmètre d’arcade et permettre ainsi l’alignement de la denture permanente avec une adaptation squelettique et  neuromusculaire, ceci permet d’éviter un grand nombre d’extractions.

L’expansion maxillaire se produit  dès que la force appliquée au complexe dento alvéolaire est supérieure aux limites du mouvement transversal orthodontique c’est à dire à partir de 300 g pour le jeune enfant ; ce que peut  fournir le quad’hélix. (13)

Le quad’hélix, un dispositif conçu par Ricketts(8), est indiqué pour corriger l’endoalvéolie symétrique avec ou sans latérodéviation en denture temporaire ou mixte, il est indiqué dans le cas de rotation mésio palatine des premières molaires permanentes supérieures. Il permet également l’élimination de la succion du pouce par adjonction d’une grille anti langue.

Les auteurs décrivent une efficacité importante au quad’hélix, le changement moyen est de 5.88 mm pour Franck ; de 5.62 mm pour Poulet.(13)

Le traitement de nos jeunes patients avec ce dispositif permettra d’abord d’évaluer les effets sur le plan dentaire et nous permettra aussi de confronter nos résultats avec ceux rapportés dans la littérature et ce dans le sens transversal, sagittal, et vertical.